Description
L’espace géographique connu aujourd’hui sous l’appellation de République du Bénin a changé trois fois de nom pendant la colonisation française et, comme par émulation, trois fois aussi sous l’égide de l’élite qui a pris sa succession. Mais là s’arrête la comparaison. Alors que le colonisateur français, dans son élan de nomination, cherchait à coïncider, le plus exactement possible, avec l’évolution historique des entités politiques de cet espace, grâce à une évaluation correcte des rapports de production en leur sein, l’élite ne pense qu’à s’évader de ces réalités dans le but de se réfugier derrière des idéologies étrangères. Il est démontré dans cet essai que le choix fait par le colonisateur français d’instituer les cantons comme second palier de son système administratif ne relève pas de l’arbitraire mais procède de son intention délibérée d’étendre à l’ensemble de la colonie le mode de production esclavagiste qui fit son apparition dans le royaume de Danxome, après la réforme agraire des années 1850. Il est suggéré, en conclusion, que pour être viables les Etats-nations africains doivent, eux-aussi, poursuivre cet effort de sédentarisation de leur population, sur la base des trois fonctions énoncées par Georges Dumezil. Comme nous l’enseigne encore l’expérience dahoméenne seul le panafricanisme peut les galvaniser dans cette entreprise prométhéenne.
